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Vertigo, Sueurs froides, film d'Alfred Hitchcock. Vertige de l'amour, vertige des hauteurs

 


Vertigo, Sueurs froides, Réalisé par Alfred Hitchcock, avec James Stewart, Kim Novak, Barbara Bel Geddes, Henry Jones, Raymond Bailey, Ellen Corby, … année de production 1958, durée 1h27.

 

Lors d’une poursuite sur les toits de San Francisco, Scottie Ferguson (James Stewart) frôle la mort et voit l’un de ses collègues policier se précipiter accidentellement dans le vide en tentant de le sauver. L’épisode a traumatisé Scottie, victime de vertiges. Désormais retraité, il accepte de suivre en filature l’épouse d’un vieil ami, Madeleine (Kim Novak) qui développe un étrange rapport avec une aïeule morte.

 

Vertigo, film à rebondissements,  est sans doute l’un des plus réussis (si ce n’est le plus réussi) du maître incontesté du suspense, j’ai nommé Alfred Hitchcock. Je donnerai quelques raisons de ce succès en rapport avec la construction du film.

Le film, du point de vue des relations entre les deux personnages  et de la façon de les mettre en scène, peut être divisé en trois périodes:

-Durant la première moitié  heure du film, l’histoire se déroule « innocemment ». Il s’agit  d’une mission de filature confiée à Scottie par  Gavin Elster, un de ses anciens amis. Elle consiste à surveiller les faits et gestes de sa femme, madeleine, une jeune et belle blonde platine,   qui s’est identifiée de manière maladive  à son arrière grand-mère espagnole (ou alors possédée par elle ?) qui s’est suicidée à l’âge de 26 après avoir été séduite, entretenue puis abandonnée par un homme riche.

La caméra ou la mise en scène, elle aussi « innocente », représente le seul point vue de Scottie suivant en permanence Madeleine d’assez  loin pour rester inaperçu et quand celle-ci se rapproche c’est de profil le plus souvent (exemples des scènes du restaurant où quand elle passe près de lui, il la regarde discrètement alors que la caméra la prend de profil pas de face), c’est-à-dire à l’insu de cette dernière. Cependant, nous voyons le trouble croissant qu’inspire à Scottie autant la beauté que la personnalité de Madeleine.

-La deuxième période de courte durée survient lorsque Madeleine tente de se suicider en se jetant à l’eau et que Scottie intervient pour la sauver de la noyade. La nature de leur relation change, de quasi inconnus l’un pour l’autre, ils deviennent soudainement amoureux, amants.

La mise en scène, en multipliant les plans rapprochés, rend bien l’état de fusion dans lequel entrent les deux amoureux.

-La troisième période commence après la bouleversante scène de la course poursuite vers l’église, la montée de l’escalier circulaire, l’arrivée de Madeleine au sommet où Scottie ne peut pas la rejoindre à cause de son vertige puis la chute finale sur le toit en tuiles rouges d’un corps, apparemment celui de Madeleine. Traumatisé par la scène, Scottie fait un séjour à l’hôpital. Après  sa sortie et  guidé sans doute par son flair de policier, il s’en va à la recherche de la vérité en revoyant et réinterprétant les lieux, les événements et les détails de son histoire avec Madeleine. De manipulé, il devient manipulateur.

En pleine rue, il voit passer une jeune femme qui a exactement le profil de Madeleine. Il la suit jusqu’à sa chambre d’hôtel, s’aperçoit que Judy (c’est son prénom), est le sosie parfait de Madeleine, fait sa connaissance et tente de revivre avec elle  l’amour interrompu par la mort en allant jusqu’à lui fait prendre l’apparence vestimentaire puis physique (couleur des cheveux et coiffure) de Madeleine. Un détail lui fournit la preuve irréfutable de la machination dont il a été victime de la part de Gavin Elster dans la seule intention de tuer sa femme et de s’accaparer l’héritage, aidé par Madeleine - Judy   (dont il est désormais sûr qu’elle est la seule et même personne) : le collier rouge portée par Carlotta Valdès dans le grand tableau de peinture exposé à la galerie d’art qu’il voit à ce moment là pendu à son cou. Il fait avouer la machination à Judy  en la trainant (pas en la poursuivant comme dans la première scène) jusqu’au clocher de l’église. Sortie de la pénombre, une mère religieuse fait peur  à Judy et lui fait faire un bond en arrière qui entraîne sa chute dans le vide.  Ainsi Madeleine (la vraie) et Madeleine (la fausse) auront trouvé la même mort, au même endroit.

Scottie est enfin libéré de son double vertige : vertige des hauteurs et vertige de l’amour.



03/12/2011
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