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Lolita, film de Stanley Kubrick. Amours mortels entre trois adultes enfermés et une ado libérée

Lolita, film britannique de Stanley Kubrick ; d'après le roman éponyme et le scénario de Vladimir Nabokov ; avec James Mason (Humbert), Shelley Winters (Charlotte Haze), Sue Lyon (Dolorès « Lolita » Haze), Peter Sellers (Clare Quilty/ Dr Zempf) ; noir et blanc ; durée 153 minutes ; année de sortie, 1962.

                                                     

Résumé : Humbert Humbert, professeur de littérature française, cherche à louer une chambre pour l'été dans le New Hampshire. À cette occasion, il se présente chez Charlotte Haze, une veuve en mal d'amour qui, jouant les enjôleuses et les érudites, lui fait visiter sa maison et lui vante tous les avantages de la chambre à louer. C'est uniquement parce qu'il découvre l'existence de la jeune fille de Charlotte, Dolorès (surnommée « Lolita »), dont il tombe amoureux et pour rester auprès d'elle qu'Humbert louera la chambre puis épousera la mère. Lorsque Charlotte apprend la vérité, elle quitte précipitamment sa maison sous le coup de l'émotion et meurt accidentellement en se faisant écraser par une voiture. Humbert, « beau-père » de Lolita, est son tuteur légal. Leurs amours, d'abord platoniques, deviennent passionnées…

 

 22 octobre à 17h30. Avec la reprise récente des  séances  du ciné-club « Chrysalide » à la filmothèque Mohamed Zinet (Riadh El Feth, Alger), j'assiste à la projection du film « Lolita » de Stanley Kubrick.

Je précise  dès le départ  que « Lolita » (hasard ou plutôt caractère sulfureux de l'histoire qui a rendu le film quasiment invisible en Algérie ?),  ne fait pas partie des nombreux films de Stanley Kubrick que j'ai déjà vu. Ainsi « Docteur Folamour », je l'ai vu adolescent vers la fin des années  1960 à sa projection à l'émission mythique d'Ahmed Béjaoui, « Télé ciné-club ».  Quant à d'autres – « l'ultime razzia », « Barry Lindon », « Spartacus », « Full métal Jacket », « 2001 l'odyssée de l'espace », « Shining » – je les ai vus dans les décennies 1970 et 1980, la plupart à la cinémathèque d'Alger, rue Ben M'hidi.

S. Kubrick a marqué le septième art par sa capacité – trait caractéristique des génies-  à renouveler en profondeur les genres cinématographiques dans lesquels il  inscrit ses œuvres. Chacun de ses treize films aborde effectivement un genre cinématographique déterminé : policier,  pour « l'ultime razzia », Péplum, pour « Spartacus », politique-fiction, pour « Docteur Folamour », guerre, pour « Full metal jacket », fantastique, pour « Shining », science-fiction, pour « 2001, l'odyssée de l'espace », historique, pour « Barry Lindon », etc.  « Lolita » se situe manifestement dans le genre du mélodrame. Ses films ont eu un tel impact sur le cinéma  comme art que, à chaque fois, il y a  un avant et un après Kubrick.

« Lolita », c'est d'abord un roman sulfureux, chef-d'œuvre de l'écrivain américain d'origine russe, Vladimir Nabokov. A sa parution dans les années 1950, le roman a fait scandale car deux thèmes qui sont développés, le penchant de certains hommes adultes pour les petites jeunes filles ainsi que l'inceste –  des tabous, ont heurté frontalement la bonne conscience morale américaine.

Le scénario du film est l'œuvre de V. Nabokov lui-même mais S. Kubrick ne l'a finalement pas respecté entièrement. Ce dernier, soucieux, semble-t-il, d'éviter l'interdiction de son film et son échec commercial, a préféré gommer la partie du scénario qui traite du penchant maladif d'Humbert pour les petites filles ainsi que de ses rapports   incestueux  avec Lolita dont il est devenu le beau-père. Les rapports incestueux décrits dans le roman  sont à peine suggérés dans le film. Lolita a, d'autre part, été sensiblement vieillie dans le film où l'interprète, S. Lyon, a seize ans alors qu'elle en  a seulement  douze et demi dans le roman.

« Lolita » nous apparaît être essentiellement un drame de l'enfermement. Un enfermement mental des personnages dans les territoires imaginaires  de leurs obsessions individuelles. Cela avec l'absence de communication et l'incompréhension consécutives à cette  incapacité fondamentale des personnages à identifier et reconnaître les rêves et  les idées de l'autre, cet être pourtant  aimé. C'est du moins le cas de trois des quatre personnages principaux du film, c'est-à-dire Humbert, Charlotte et Clare, les adultes. Seule Lolita échappe finalement à cette auto enfermement auquel elle aurait pu succomber par simple désir d'imiter les adultes qui l'entourent. Lolita arrive, grâce tant  à sa volonté  d'indépendance  vis-à-vis des adultes, dont elle perçoit très tôt les jeux pervers, qu'à l'amour salvateur d'un jeune homme bien dans sa peau, à échapper à un sort fatal en trouvant refuge dans le mariage et la maternité.

Voilà une fin apparemment très morale : la jeunesse et l'amour « clean », sans transgression, finissent par triompher. Mais le prix de ce (faux ?) happy end, trois vies fauchées par l'amour à mort d'Humbert, est-il pour autant moral ? Il est au moins permis d'en douter.

Scènes choisies de "Lolita"

                                   

Bain de soleil. Lolita (Sue Lyon) telle qu'elle apparaît pour la première fois, à Humbert  au début du film.

Partie d'échecs. L'intrusion de Lolita provoque le trouble entre Charlotte Haze, sa mère (Shelley Winters) et Humbert Humbert (James Mason).

Bain. Humbert prend un bain heureux et soulagé après le décès accidentel de Charlotte, son épouse



27/12/2011
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