Flic et jardinier
Vendredi 11 juillet, début de soirée. En passant devant une petite pépinière située – cas rarissime, en pleine cité d’habitations- je me suis rappelé que je dois planter un troisième rosier. J’y entre par un chemin étroit. Une fois dans la pépinière, je me rends compte, comme à chaque fois, que l’humidité dans cet espace restreint est plus élevée qu’à l’extérieur. Je suis accueilli avec un sourire pour publicité de dentifrice par un solide jeune homme au teint café en grain. C’est l’un des deux fils de B. , un ancien flic que j’ai vu des années durant passer devant chez moi vêtu de l’uniforme bleu.
B. m’a définitivement impressionné lorsqu’il a continué, de temps à autre, à faire le trajet entre son domicile et son travail, tout seul et vêtu de son uniforme malgré le danger auquel il s’expose manifestement en pleine période de flux du terrorisme. La seule explication que j’ai pu trouver à son comportement « suicidaire » est que c’est un vrai croyant qui compte bien plus sur ses prières à l’adresse de Dieu que sur son arme de service, rarement utile quand on se trouve seul et isolé face aux semeurs de mort.
Arrivé à l’âge de cinquante cinq ans, il prend sa retraite. Pour passer le temps, il revient à son amour de jeunesse, le travail de la terre. En quelques années de dur labeur, il réussit à faire de quelques ares situés à proximité de son appartement une véritable pépinière dont il a ensuite cédé l’exploitation à ses deux fils.
B. est à présent souvent absent d’Alger. Il préfère vivre dans son oasis natale du Touat.
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